RDC : Thomas Lubanga, ancien détenu de la CPI, se rebelle contre Kinshasa, prend la tête d’un groupe armé en Ituri et s’allie au M23
Un rapport des Nations unies, publié ce mercredi, révèle que Thomas Lubanga Dyilo, ancien chef de milice en Ituri et premier condamné par la Cour pénale internationale (CPI), joue désormais un rôle actif dans la structuration et le soutien de groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Libéré en 2020 après avoir purgé une peine de 14 ans pour crimes de guerre, Lubanga est accusé d’être impliqué dans le groupe Zaïre/ADCVI et d’avoir facilité son alliance avec la coalition AFC-M23.
Une implication accrue dans la mobilisation armée
Les experts onusiens pointent un rôle central joué par Lubanga, en collaboration avec Yves Khawa Panga Mandro, également sous sanctions internationales. Tous deux auraient orchestré la mobilisation, le recrutement et la formation de milliers de combattants en Ituri. Présenté comme une “autorité morale” du groupe Zaïre/ADCVI, Lubanga est accusé d’avoir supervisé des transferts d’armes, des entraînements dans des camps situés à Tchanzu (Nord-Kivu) et en Ouganda, ainsi que le redéploiement de combattants contre les Forces armées de la RDC (FARDC).
Une base stratégique en Ouganda
Le rapport indique qu’en juillet 2024, Thomas Lubanga s’est installé à Kampala, en Ouganda, où il aurait rencontré Corneille Nangaa, leader de l’AFC-M23, ainsi que d’autres responsables. Une ferme appartenant à Yves Khawa, située dans le district ougandais de Hoima, près du lac Albert, a été identifiée comme un point de transit clé pour les combattants et les armes. Ces activités comprendraient des formations militaires assurées par des instructeurs ougandais et rwandais, ainsi que l’organisation de mouvements logistiques via le lac Albert.
Rapprochements stratégiques entre factions armées
Lubanga aurait envoyé des émissaires pour unifier différentes factions armées en Ituri, notamment le groupe MAPI et le Zaïre/ADCVI. Bien que le MAPI ait choisi de rester indépendant, il aurait accepté de coopérer avec la coalition AFC-M23. Cette collaboration aurait permis de coordonner une stratégie commune pour attaquer les FARDC dans les territoires de Djugu, Mahagi et Aru.
Une menace persistante pour la stabilité régionale
Selon les Nations unies, les réunions régulières en Ouganda et le soutien logistique des réseaux régionaux alimentent une mobilisation qui représente une menace majeure pour la stabilité de l’Ituri et du Nord-Kivu. Le rapport mentionne également Innocent Kaina, alias “India Queen”, un commandant influent du M23, qui travaillerait étroitement avec Lubanga pour orchestrer les activités armées depuis Kampala.
Silence du gouvernement ougandais
Interrogé par les experts, le gouvernement ougandais a nié avoir connaissance des activités de Lubanga et Khawa sur son territoire. Toutefois, des preuves présentées dans le rapport confirment la tenue de réunions stratégiques en Ouganda et le passage d’armes par des bases logistiques dans la région.
Cette nouvelle alliance, qui réunit des figures historiques des conflits en Ituri, risque d’aggraver les tensions et de prolonger les affrontements dans une région déjà ravagée par des décennies de violences. Les efforts de stabilisation pourraient ainsi être compromis face à cette stratégie de mobilisation et de coordination militaire.