Lilongwe accueille le tout premier tribunal du peuple africain : une révolution face à la dette publique
C’est une première historique, et elle pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre la dette publique en Afrique. Les 19 et 20 juin prochains, la capitale du Malawi accueillera le Tribunal international du peuple africain, une initiative inédite portée par le Réseau malawite pour la justice économique (MEJN), en collaboration avec le Forum et Réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD) et plusieurs autres partenaires panafricains et internationaux.
Ce tribunal n’est pas une conférence de plus. C’est un espace de justice citoyenne où ce ne sont pas les gouvernements qui seront jugés, mais les institutions financières internationales elles-mêmes, en premier lieu le FMI et la Banque mondiale, tenues pour responsables de décennies de politiques économiques qui ont appauvri les pays africains et étranglé leurs peuples.
À l’opposé des forums fermés ou technocratiques, ce Tribunal donne la parole aux populations touchées par les effets dévastateurs de la dette : soignants sous-payés, enseignants sans moyens, jeunes sans perspectives, femmes surchargées de travail non rémunéré. À travers des témoignages, des études de cas et des plaidoyers juridiques, ils raconteront l’impact réel des politiques d’austérité, des emprunts conditionnés et de l’endettement chronique.
Le Tribunal international du peuple africain a un objectif clair : changer le rapport de force dans la gouvernance économique mondiale. Il repose sur quatre grandes accusations :
- L’imposition d’un modèle de développement fondé sur l’endettement.
- Des politiques d’austérité qui détruisent les services publics.
- Un système de prise de décision antidémocratique excluant les pays africains.
- Une architecture financière mondiale profondément injuste, héritée du colonialisme.
Pour chaque accusation, une base juridique solide est mobilisée (Charte africaine des droits de l’homme, Pactes de l’ONU, Convention CEDAW, etc.) afin de légitimer la contestation, mais aussi d’offrir des voies concrètes pour exiger réparation, justice, et transformation structurelle.
Ce tribunal intervient dans un contexte de crise aiguë de la dette sur le continent. En 2024, la dette publique africaine a atteint 1 800 milliards de dollars, contre 375 milliards seulement dix ans plus tôt. Et pendant que les remboursements s’intensifient, les budgets pour la santé, l’éducation ou les infrastructures fondamentales s’effondrent.
En réunissant experts, juristes, activistes, journalistes et représentants des communautés, ce tribunal cherche à faire pression pour l’annulation des dettes illégitimes, mais aussi pour réinventer les règles du jeu mondial, en exigeant :
-Une représentation équitable de l’Afrique dans les institutions comme le FMI et la Banque mondiale.
-Des mécanismes de restructuration de la dette transparents, centrés sur le bien-être des populations.
-La fin des conditionnalités austéritaires qui étranglent les économies africaines.
Au-delà de son aspect symbolique, ce tribunal est un acte politique fort. Il crée un précédent, pose les bases d’une nouvelle culture de redevabilité envers les puissances financières, et alimente une dynamique plus large de mobilisation continentale.
Il montre que l’Afrique n’est pas seulement victime des politiques économiques mondiales : elle s’organise, se défend, et contre-attaque avec ses propres outils, ses voix, ses règles.
📍 Une date à retenir
🗓️ 19 et 20 juin 2025
📍 Lilongwe, Malawi
Le Tribunal international du peuple africain, c’est une première, mais certainement pas une dernière. C’est une Afrique debout, qui refuse l’injustice économique et reprend en main son destin.
José Baituambo