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Que retenir de l’AfCoDD V à Accra ? Les grandes leçons d’un forum historique sur la dette africaine

Après plusieurs jours d’échanges intenses à Accra, la cinquième Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD V) s’est achevée avec une série de messages forts. Il s’agit ici de revenir sur l’essentiel : quelles idées, quelles émotions et quels engagements marqueront durablement cette édition 2025 ?

Dès les premières heures, une certitude s’est imposée : l’Afrique est prisonnière d’un cycle d’endettement hérité de l’esclavage, du colonialisme et du néocolonialisme. L’indignation a trouvé son expression dans deux slogans puissants « Don’t owe, ne paiera pas ! » et #AfricaRuleMaker qui ont donné à ce forum une dimension militante inédite. Ces cris du cœur traduisent la colère face à l’injustice de l’architecture financière mondiale, mais aussi la volonté de reprendre la main.

Au-delà de l’émotion, AfCoDD V a livré plusieurs enseignements. Les discussions ont rappelé que la gouvernance de la dette est d’abord une question institutionnelle et citoyenne, plus qu’un simple calcul budgétaire. La transparence fiscale et les marchés publics demeurent des zones grises, malgré les progrès numériques. La société civile, par son enracinement dans les réalités locales, reste un acteur clé pour porter la voix des peuples africains à l’échelle mondiale. Le secteur privé, longtemps perçu comme en marge, est désormais interpellé : il doit devenir partenaire actif d’un développement inclusif et respectueux des droits humains.

Mais la conférence n’a pas seulement livré des analyses techniques : elle a aussi apporté des leçons de philosophie politique. Comme l’a rappelé le Dr Yungong Theophilus Jong lors de l’atelier des jeunes chercheurs, l’optimisme n’est pas naïf ; il est la condition nécessaire pour avancer dans une lutte longue et semée de résistances. Le Dr Patrick Ndzana Olomo a, quant à lui, insisté sur l’importance de bâtir des États forts et autonomes, condition préalable pour qu’une Afrique unie, au sein de l’Union africaine, puisse véritablement revendiquer les réparations.

Enfin, un appel a été lancé à chacun : comprendre la situation de la dette de son pays, suivre les processus politiques et économiques, s’engager dans les espaces de réflexion. Car on ne peut pas se battre pour ce que l’on ne connaît pas.

En définitive, l’AfCoDD V a rappelé que l’avenir de l’Afrique dépendra de sa capacité à transformer la colère en action, l’indignation en solidarité et l’optimisme en réformes concrètes.

José Baituambo

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