Accra : une pétition panafricaine exige un AfCFTA centré sur les populations
À l’issue d’une marche historique rassemblant syndicalistes, militants et représentants de la société civile venus de tout le continent, une pétition a été officiellement remise au ministre ghanéen des Finances, Cassiel Ato Forson, marquant un moment fort de l’AFCODD V, la 5ᵉ Conférence africaine sur la dette et le développement organisée au Ghana. Cette démarche traduit une volonté claire et unanime : l’intégration économique de l’Afrique doit servir ses peuples, pas seulement les profits.
La pétition, fruit d’une mobilisation continentale, met en avant trois exigences clés, destinées à transformer l’AfCFTA en un outil de justice sociale et de développement inclusif.
Un protocole autonome sur le travail et les clauses sociales
Les signataires réclament la création d’un protocole dédié et contraignant, qui engage les États à respecter les conventions fondamentales de l’OIT, garantir les droits à la négociation collective, assurer des plans minimums de protection sociale et protéger les groupes vulnérables, y compris les femmes, les jeunes et les personnes en situation de handicap. Un cadre juridique solide, disent-ils, est indispensable pour que l’intégration économique profite à tous.
La participation effective des syndicats dans la gouvernance
L’AfCFTA, rappellent les auteurs de la pétition, ne peut réussir sans la voix des travailleurs. Les syndicats doivent être représentés dans tous les Comités nationaux de mise en œuvre et instances techniques, tandis que l’ITUC-Afrique doit obtenir le statut d’observateur et être formellement invité à toutes les négociations et forums politiques liés au commerce continental.


Le suivi, l’application et la responsabilité
Pour garantir le respect des droits sociaux et du travail, la pétition exige la mise en place d’un mécanisme indépendant de supervision, capable de recevoir les plaintes, contrôler la conformité et recommander des mesures correctives en cas de non-respect.
Ces mesures, martèlent les signataires, ne sont pas des obstacles au commerce, elles sont des leviers pour une croissance inclusive et durable. Elles permettront d’éviter une course à la baisse des salaires et des conditions de travail, tout en encourageant une course à la hausse des standards sociaux et professionnels. L’intégration africaine, concluent-ils, doit être un moteur d’emplois décents, de salaires équitables, d’égalité et de dignité pour tous les travailleurs.
Cette initiative exprime une voix continentale unifiée, traduisant la volonté des Africains que leurs droits et besoins soient au centre de l’agenda commercial et économique africain. Avec cette pétition, ils envoient un signal fort aux décideurs : l’intégration de l’Afrique ne peut se faire sans justice sociale et sans participation des travailleurs. Afrodad, le Forum et Réseau Africain sur la Dette et le Développement, fidèle à sa campagne “Stop the Bleeding”, a joué un rôle central dans la mobilisation et la rédaction de cette pétition, rappelant que chaque voix africaine compte pour bâtir une intégration juste et équitable.
José Baituambo