Construire la fiscalité avec les entreprises, pas contre elles : la nouvelle méthode Fwamba
Dans une salle remplie de dirigeants d’entreprises, Doudou Fwamba ne s’est pas contenté de prononcer un discours de plus. Le ministre des Finances a voulu marquer une rupture : « Le dialogue franc et continu avec le secteur privé est une condition essentielle à la réussite des réformes », a-t-il lancé. À travers ces mots, c’est une philosophie nouvelle qu’il met en avant : bâtir la fiscalité congolaise avec les entreprises, et non plus contre elles.
Ce mercredi, le ministre a inauguré un cadre inédit de concertation avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Une première dans l’histoire récente du pays, où les rapports entre l’État et les opérateurs économiques ont souvent été synonymes de défiance. Le gouvernement espère ainsi réinventer cette relation et préparer l’adhésion du secteur privé à une série de réformes décisives.
Le dispositif prévoit des rencontres régulières et un mécanisme de suivi des préoccupations patronales. L’objectif est clair : transformer la méfiance en confiance et faire du secteur privé un allié plutôt qu’un adversaire. La FEC, qui représente des milliers d’entreprises de tous les secteurs, devient ainsi un partenaire direct dans la construction du nouveau système fiscal.
Au cœur de ce chantier, plusieurs annonces fortes : la création imminente d’une Commission nationale de médiation fiscale, chargée d’apaiser les litiges entre l’administration et les contribuables ; l’organisation, avant la fin de l’année, d’un Forum national sur la politique fiscale, censé jeter les bases d’une fiscalité plus claire et plus équitable ; et la confirmation de réformes structurelles, dont la facture normalisée, la digitalisation des régies financières et surtout l’instauration, dès janvier 2026, de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
Pour Doudou Fwamba, 2026 doit marquer une étape charnière vers une « justice fiscale » en RDC. Mais la réussite de ce projet repose sur un pari : rallier à la fois les entreprises, souvent critiques face au poids de la fiscalité, et une administration longtemps accusée d’opacité et de lenteur.
En instaurant ce cadre de concertation inédit, le gouvernement cherche à transformer une relation souvent marquée par la défiance en un partenariat durable. Une façon de préparer le terrain à 2026, année charnière pour la réforme fiscale congolaise.
José Baituambo