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Dette publique en Afrique: ce que les puissants décident, ce que l’AFRODAD réclame

Alors que les grandes puissances financières se réunissent à Washington pour dessiner les contours de l’économie mondiale, une voix africaine continue de briser le silence : celle de l’AFRODAD, le Forum africain sur la dette et le développement. Depuis les couloirs feutrés des Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, l’organisation rappelle une vérité que beaucoup préfèrent ignorer : la dette étouffe l’Afrique.

Et c’est urgent.

À la table des discussions, les grands créanciers parlent de “viabilité”, “réformes”, “résilience”. Mais sur le terrain, c’est l’austérité, la privatisation des services publics, la réduction des investissements sociaux, la fuite des talents.

Et toujours, cette spirale de l’endettement qui continue. Aujourd’hui, plus de la moitié des pays africains sont en situation de surendettement ou à haut risque.
Et cela, malgré des décennies de promesses de restructuration équitable.
Une réforme pour qui ?
L’AFRODAD, par la voix de son directeur exécutif
Jason Rosario Braganza, le dit clairement à Washington : les réformes actuelles sont insuffisantes, déséquilibrées, et trop favorables aux créanciers. Il plaide pour :

  • Une architecture de la dette plus juste, avec des règles transparentes et contraignantes pour tous les créanciers, y compris privés et multilatéraux;
  • Un mécanisme international d’arbitrage, qui éviterait que les pays du Sud soient juges et parties dans des négociations biaisées ;
  • Une annulation des dettes insoutenables, au nom du droit au développement;
  • Une mobilisation accrue des ressources internes, notamment par une fiscalité équitable et une lutte rigoureuse contre les flux financiers illicites.

Quand la dette empêche le développement

Ce que l’AFRODAD rappelle à Washington, c’est que le remboursement de la dette est devenu un obstacle au financement des besoins essentiels: santé, éducation, infrastructures. En 2023, selon l’organisation, l’Afrique subsaharienne a dépensé plus pour rembourser sa dette extérieure que pour l’ensemble de ses
budgets de santé. Comment parler de développement durable dans ces conditions ?

Une voix, mais pour qui ?

Si l’AFRODAD parle fort, c’est pour ceux qui ne sont pas à la table : les citoyens, les femmes rurales, les jeunes privés d’emplois, les enfants sans bancs à l’école. Et c’est aussi à eux que cette voix s’adresse. Parce que la dette n’est pas qu’un sujet d’experts. C’est une réalité quotidienne.
Et pendant que les puissants décident, l’AFRODAD réclame — au nom de l’Afrique, au nom de la justice.

José Baituambo

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