FFD4 et G20 : l’Afrique réussit à imposer la lutte contre les flux financiers illicites au cœur de l’agenda mondial
La rencontre de Skukuza, en Afrique du Sud, restera dans les annales comme une étape décisive pour la gouvernance fiscale mondiale. Pour la première fois, la lutte contre les flux financiers illicites (IFFs) a été inscrite comme priorité aussi bien dans les discussions préparatoires de la quatrième Conférence des Nations Unies sur le financement du développement (FFD4) qui s’est tenue à Madrid en 2025, que dans l’agenda du G20.
Cette victoire diplomatique, portée par l’Afrique, consacre des années de plaidoyer visant à mettre en lumière l’ampleur du fléau. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le continent perd plus de 88,6 milliards de dollars chaque année à cause des IFFs, soit environ 3,7 % de son PIB. Ces pertes dépassent de loin l’aide publique au développement que reçoit l’Afrique annuellement, limitant ses marges de manœuvre pour financer la santé, l’éducation et les infrastructures.
L’inscription des IFFs au centre de l’agenda international traduit donc une reconnaissance mondiale d’un problème longtemps perçu comme périphérique. Les pays africains, soutenus par des institutions comme l’African Tax Administration Forum (ATAF), ont démontré que sans action ferme contre les évasions fiscales, les manipulations des prix de transfert et les pratiques abusives des multinationales, il sera impossible d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
Pour l’ATAF, cette avancée est une victoire politique africaine qui ouvre la voie à des réformes structurelles. Elle permet désormais de porter la question des IFFs au niveau des normes fiscales mondiales, et de pousser pour une révision des règles afin qu’elles tiennent compte des réalités des économies africaines.
Désormais, la balle est dans le camp des grandes puissances et des institutions financières internationales. Les États africains ont montré qu’ils pouvaient imposer leur voix sur la scène mondiale ; reste à traduire cet acquis politique en mécanismes concrets : plus de transparence financière, une coopération fiscale renforcée, et la fin des pratiques abusives des multinationales.
Cette victoire à Skukuza n’est qu’un début. L’Afrique, unie et soutenue par l’ATAF, vient de prouver qu’elle pouvait redéfinir les règles du jeu économique international. Le message est clair : sans justice fiscale, il ne peut y avoir de développement durable.
José Baituambo