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PAC 2025 : L’Afrique unie pour en finir avec les flux financiers illicites

À Johannesburg, experts, décideurs et acteurs de la société civile se réunissent pour repenser la gouvernance économique du continent. Au cœur des débats : la souveraineté financière, la justice fiscale et la fin des pertes colossales qui privent l’Afrique de son développement.

La 13ᵉ Conférence panafricaine sur les flux financiers illicites et la fiscalité (PAC 2025) s’est ouverte à Johannesburg, en Afrique du Sud, sous le thème : « Honorer un héritage, construire l’avenir : une décennie après le rapport du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites. »
Dix ans après le rapport Mbeki, qui avait révélé l’ampleur des capitaux illicites quittant chaque année le continent, les acteurs économiques et politiques africains se réunissent à nouveau pour mesurer les progrès réalisés et tracer de nouvelles pistes face à un phénomène qui continue de fragiliser les économies nationales.

Organisée par Tax Justice Network Africa (TJNA), en partenariat avec la Commission de l’Union africaine, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), l’Economic Justice Network et l’Africa Tax Administration Forum (ATAF), cette 13ᵉ édition se positionne comme un moment clé du plaidoyer pour une gouvernance fiscale plus juste et transparente. Pendant plusieurs jours, les débats portent sur la mobilisation des ressources internes, la décolonisation de l’architecture financière mondiale et la nécessité pour l’Afrique de renforcer sa souveraineté économique.

Dès l’ouverture, le ton a été donné par le Professeur Ozonia Ojielo, dont l’intervention a résonné comme un appel à la conscience collective.

« Dans nos villages, s’emparer des fonds publics ferait de vous un paria. Pourtant, au niveau de l’État, de tels actes sont honorés », a-t-il déclaré, dénonçant l’hypocrisie morale et politique qui sape la gouvernance publique.

Le professeur a exhorté les dirigeants africains à renouer avec des valeurs de gouvernance fondées sur l’intégrité, la responsabilité et la solidarité, rappelant que la lutte contre les flux financiers illicites n’est pas qu’un enjeu technique, mais avant tout un combat pour la justice, la souveraineté et la dignité du continent.

Depuis le rapport du Groupe Mbeki, l’Afrique perd chaque année des dizaines de milliards de dollars à cause de la corruption, de l’évasion fiscale et des pratiques abusives de certaines multinationales. Pour la TJNA et ses partenaires, PAC 2025 dépasse le cadre d’une simple conférence : c’est une tribune pour repenser les politiques fiscales, renforcer la transparence et promouvoir une répartition équitable des richesses.

Les participants convergent sur une même idée : l’Afrique dispose des ressources nécessaires pour financer son propre développement, à condition de stopper l’hémorragie financière et de transformer en profondeur ses systèmes de gouvernance économique. L’intégration des nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, est également perçue comme un levier stratégique pour renforcer la traçabilité des capitaux et accroître les capacités de contrôle.

En plaçant la justice fiscale au centre du développement durable, PAC 2025 ambitionne de bâtir une Afrique économiquement souveraine, capable de financer ses priorités sans dépendre exclusivement de l’aide extérieure. Ces assises traduisent une conviction : la prospérité du continent ne viendra pas de l’extérieur, mais de la valorisation juste et transparente de ses propres richesses.

Au terme de cette conférence, une certitude s’impose : la justice fiscale n’est pas seulement une exigence économique, mais une condition de survie pour un continent qui aspire à écrire, enfin, ses propres règles du jeu.

José Baituambo

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