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Taxer pour se libérer : la stratégie d’ATAF pour une Afrique souveraine

Et si le développement de l’Afrique ne dépendait pas de l’aide extérieure, mais de sa capacité à mobiliser ses propres ressources ? Depuis plus d’une décennie, l’African Tax Administration Forum (ATAF) s’est engagé à prouver que cette vision est non seulement réaliste, mais déjà en marche.

Dans un contexte où plus de la moitié des pays africains affichent un taux de pression fiscale inférieur à 15 % du PIB, bien en deçà du seuil requis pour soutenir durablement les services publics, ATAF joue un rôle crucial. L’organisation accompagne les administrations fiscales du continent pour bâtir des systèmes plus justes, plus efficaces, et mieux adaptés aux réalités africaines.

Depuis sa création en 2009, ATAF a permis de recouvrer plus de 2,1 milliards de dollars, et de lever plus de 5,1 milliards de dollars en nouvelles évaluations fiscales. Rien que l’année dernière, ses actions ont permis d’identifier près de 385 millions de dollars d’impôts non payés. Ces chiffres témoignent d’une certitude : l’Afrique peut financer son propre avenir.

L’une des clés de ce succès réside dans le renforcement des capacités. Plus de 15 000 agents fiscaux ont été formés à travers le continent. À Cotonou, par exemple, les auditeurs béninois formés par l’ATAF maîtrisent désormais les principes de prix de transfert, ce qui a considérablement amélioré la qualité des contrôles fiscaux.

« Les formations d’ATAF nous ont permis de mieux comprendre le principe de pleine concurrence et d’analyser les contrats entre entités liées », confie une inspectrice des impôts béninoise.

ATAF ne se contente pas d’agir sur le terrain administratif : il crée aussi une intelligence fiscale africaine. Grâce à des publications comme l’African Tax Outlook, le Journal multidisciplinaire africain de la fiscalité ou encore les plateformes de recherche collaborative, l’organisation alimente des politiques publiques fondées sur des données probantes.

Des pays comme l’île Maurice s’appuient sur ces travaux pour affiner leurs prévisions, mieux cibler les secteurs, ou encore concevoir des politiques fiscales adaptées aux défis de l’économie numérique.

Les flux financiers illicites privent chaque année l’Afrique de milliards de dollars. ATAF agit en première ligne sur ce front, en soutenant la mise en œuvre de normes internationales comme l’échange automatique d’informations, et en traquant les failles dans les systèmes juridiques et administratifs.

En parallèle, l’organisation mise sur les innovations technologiques : intelligence artificielle, outils de data mining, plateformes d’audit modernes… Une révolution numérique discrète mais efficace s’opère dans les services fiscaux africains.

Au fond, le combat d’ATAF est un combat pour la souveraineté économique. En aidant les pays à reprendre le contrôle de leur fiscalité, l’organisation leur permet de se détacher progressivement de la dépendance à l’endettement et à l’aide extérieure.

Construire une Afrique plus forte ne commence pas par ce qui vient de l’extérieur, mais par ce que nous savons mobiliser de l’intérieur. Et si l’impôt est souvent perçu comme une contrainte, il devient entre de bonnes mains, un puissant levier de transformation.

José Baituambo

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