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Dette publique africaine : à Lomé, l’Union africaine trace une nouvelle voie

La conférence de l’Union africaine sur la dette publique, ouverte le 12 mai à Lomé sous le thème « L’agenda africain de gestion de la dette publique : restaurer et préserver la viabilité de la dette », s’est conclue le 15 mai par une déclaration forte, fruit de plusieurs jours d’intenses réflexions. La Déclaration de Lomé constitue un document stratégique qui pose les bases d’une gestion renouvelée, avec des engagements clairs pour sortir du cycle de l’endettement et imaginer des solutions africaines, adaptées aux réalités du continent.

Face à l’incapacité croissante de plusieurs pays à honorer leurs engagements financiers, cette déclaration finale relance le plaidoyer en faveur d’annulations de dettes au cas par cas. Elle insiste également sur la nécessité de bâtir des économies robustes, résilientes et inclusives. L’objectif affiché est d’atteindre des taux de croissance annuels compris entre 7 et 10 %, en s’appuyant sur des politiques productives et stratégiques.

Les participants recommandent aussi la mise en place de cadres macroéconomiques adaptés aux priorités africaines, alliant rigueur budgétaire et soutien à la transformation économique. La gouvernance budgétaire rigoureuse et la promotion de politiques publiques responsables deviennent désormais des principes fondamentaux.

La conférence appelle par ailleurs à diversifier les sources de financement. Au-delà des emprunts traditionnels, il s’agit d’explorer des instruments innovants tels que les obligations durables, les financements liés au climat, les partenariats public-privé ou encore les obligations Panda. La création rapide d’un Mécanisme africain de stabilité financière (MASF) est exigée pour faire face aux chocs de liquidité et renforcer la résilience monétaire des États. Une Agence panafricaine de notation de crédit devrait également voir le jour afin de corriger les distorsions imposées par les agences internationales et permettre à l’Afrique un accès plus équitable aux marchés financiers mondiaux.

La Déclaration de Lomé va plus loin, en plaidant pour un reprofilage préventif de la dette, afin de désamorcer les crises avant qu’elles ne deviennent ingérables. Il s’agit de restructurer de manière stratégique, sans attendre l’effondrement. Ce changement de posture s’accompagne d’un appel à réformer en urgence les critères d’allocation des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, jugés déséquilibrés et inadaptés. Les États réclament également une refonte des outils actuels d’analyse de la viabilité de la dette, estimés trop éloignés de la réalité des défis africains.

À travers cette déclaration, l’Union africaine affirme sa volonté de parler d’une seule voix face aux institutions financières internationales, tout en réaffirmant que l’Afrique a les ressources, les idées et la légitimité pour définir ses propres règles du jeu.

José Baituambo

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